Mont Koya, Japon : une atmosphère unique

La découverte du Mont Koya, et en particulier du cimetière d’Oku-no-in, a été le temps fort marquant de notre deuxième séjour au Japon. Retour sur une expérience riche en émotions.

Situé à une centaine de kilomètres au nord de Kyoto, le Mont Koya est le berceau du bouddhisme japonais. Il est classé depuis 2004 au Patrimoine mondiale de l’UNESCO. Plus d’une centaine de temples et monastères participent au caractère sacré et spirituel de cette montagne. Ce complexe monastique se situe sur un plateau à une altitude de 900 mètres, accessible en funiculaire. Le plateau est encerclé par 8 sommets, topographie qui évoque le cœur d’une fleur de lotus enserré de 8 pétales. 

Le Mont Koya a été fondé il y a 12 siècles par le moine Kôbô Daishi (Grand instructeur de la loi), père de l’école bouddhiste Shingon. Il voulait établir un monastère dans les montagnes, à l’écart des distractions du monde, afin de permettre aux moines bouddhistes de méditer et de prier pour la paix et le bien-être des Hommes.

À partir du Xe siècle, une croyance émergea selon laquelle Kôbô Daishi ne serait pas mort mais qu’il serait entré en méditation pour l’éternité au monastère d’Oku-no-in, pour assurer la délivrance de tous les êtres vivants. La dévotion envers Kôbô Daishi se perpétue depuis 1000 ans et ce lieu attire depuis toujours de très nombreux pèlerins.

Nous n’avons pas l’habitude de visiter des cimetières en Europe. Nous y allons seulement pour rendre hommage à nos défunts. Mais l’exploration d’Oku-no-In nous a profondément marqués et a été le point d’orgue de notre deuxième séjour au Japon. Ce site est à la fois une nécropole sacrée et le plus célèbre cimetière du Japon.

Oku-no-In a été une magnifique découverte et un véritable coup de cœur pour nous. Nous sommes restés de longues heures à nous imprégner de l’atmosphère unique, magnétique, du vaste cimetière.

Nous ne sommes pas adeptes du mysticisme, mais les vibrations que nous avons ressenties dans ce site ont profondément résonné en nous et il nous était difficile de repartir.

Plus de 200 000 pierres tombales et pagodes couvertes de mousse sommeillent paisiblement à l’ombre d’une forêt de cèdres ancestraux. Elles sont dédiées aussi bien à la mémoire de grandes figures historiques que de gens ordinaires. 

Lors de notre exploration, la sérénité des lieux était tout juste interrompue par le passage de pèlerins vêtus de blanc et de visiteurs discrets. Le craquement des aiguilles de cèdres sèches sous nos pas et le martèlement régulier des piverts contre les troncs dans la forêt rythmaient l’ambiance sonore du lieu.

Le long du chemin, des dizaines de statues portant des bavoirs rouges ont attiré notre attention. Elles sont des représentations du bodhisattva Jizô. Selon la croyance populaire, Jizô veillerait sur les enfants et les protègerait dans l’au-delà. Les bavoirs sont noués sur les statues par des personnes endeuillées par la perte d’un enfant. Elles prient Jizô afin qu’il veille sur lui et qu’il accorde une longue vie aux enfants vivants.

Le sando, chemin d’accès qui s’étend sur une distance de 2 kilomètres, mène au Mausolée de Kôbô Daishi (le cœur spirituel du Mont Koya, c’est là que demeurerait le moine pour l’éternité dans un état permanent de méditation) et au Tôrô-dô (temple dédié à la prière qui réunit plus de 10 000 lanternes dorées offertes par des fidèles). Il faut emprunter le sando en sens inverse pour ressortir du cimetière. 

À la fin du jour, à notre arrivée à l’auberge tenue par des moines au sein d’un temple, nous étions comme en lévitation et épuisés par les émotions intenses que nous venions de vivre. Le dîner Shôjin-ryori (cuisine végétarienne des moines) et la cérémonie bouddhiste à laquelle nous avons assisté au petit matin ont prolongé cette parenthèse spirituelle qui ne s’est refermée qu’à notre arrivée à Kyoto, quelques heures plus tard.

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