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Détroit de Magerøya, Norvège : entre le jour et la nuit

Alors que nous naviguions depuis plusieurs jours à bord de l’Express côtier de Norvège, le passage du détroit de Magerøya (70º58’N), à quelques kilomètres du Cap Nord, nous avait donné l’impression d’être au Pôle Nord, par une magnifique journée d’hiver.

Nous étions au cœur de la nuit polaire. À cette période, le soleil ne s’extirpe pas de l’horizon. La lumière était faible, ouatée et poudreuse. 

Toute la côte norvégienne était enveloppée dans un épais manteau blanc duveteux. Les paysages hivernaux alternaient sous nos yeux. Collines et montagnes enneigées, villes et villages dont les habitations ressemblaient de jour à des maisons de pain d’épices couvertes de sucre glace et à des photophores éclairés dès que la lumière déclinait. Les couleurs passaient du noir, gris et blanc, comme dans des estampes japonaises, aux nuances de bleu, de l’outremer au bleu glacier, et aux teintes chaudes pâles, du rose au doré.

La neige présente partout en abondance renforçait le charme hivernal, intensifiait les contrastes et apportait une clarté supplémentaire.

Ce jour-là, notre navire se frayait lentement un passage entre des montagnes arrondies recouvertes d’une épaisse couche de neige, blanc immaculé.

Sans montre, il était impossible de savoir si nous étions le matin ou le soir, à l’aube ou au crépuscule. 

À bâbord, la pleine lune parfaite dans un ciel bleu et mauve se reflétait à la surface de l’eau dans des lueurs dorées et soulignait le contour des sommets enneigés.

À tribord, les nuances chaudes intenses, de l’orange au rosé, embrasaient le ciel vaporeux. Les montagnes à la texture de meringues géantes qui bordaient le détroit se dressaient à plusieurs centaines de mètres. 

Pas de végétation, aucun arbre ne pousse à cette latitude. 

Aucune maison. Personne ne vit ici, ni sur les berges, ni à flanc de montagne. La seule présence humaine à part nous était un petit bateau de pêche, seul et isolé, au fond du détroit.

La température était négative. Mais grâce au Gulf Stream dans la région, elle n’était pas extrême.

Nous étions emmitouflés dans plusieurs couches de vêtements chauds. Le vent polaire fouettait les rares parties de notre visage qui n’étaient pas protégées. Le paysage était si grandiose que nous ressentions à peine ses gifles glaciales.

En quelques pas sur le pont extérieur, nous passions de bâbord à tribord, des teintes dorées de la pleine lune aux lueurs chaudes du soleil. 

Nous avions l’impression de vivre un rêve éveillé, dans un entre-deux entre le jour et la nuit. Le spectacle était intense et saisissant. 

La sensation de glisser silencieusement sur l’eau dans ce froid intense et la beauté pure de cette nature préservée étaient à couper le souffle.

Découvrez aussi l’article complet sur notre voyage à bord de l’Express côtier de Norvège

2 réponses sur « Détroit de Magerøya, Norvège : entre le jour et la nuit »

Encore un reportage magnifique ! J’adore vos photos ainsi que le beau texte qui les sublime littéralement. On en oublie le froid glacial que vous avez dû ressentir durant ce voyage exceptionnel.

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